Livres
« Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ». C’est que d’ordinaire, la pensée tourne en cage, enfermée dans les concepts, les horizons et les évidences héritées. Le livre est le moyen de forcer sa pensée à sortir de la cage, grâce aux avancées de la recherche scientifique et des pratiques sociales encore marginales où s’expérimentent les ruptures qui feront peut-être école. Je scrute comment les résultats des recherches scientifiques et militantes – sur les communs, le care, le travail vivant, l’intelligence collective, la démocratie délibérative… – peuvent éclairer de nouvelles pistes pour l’émancipation. Non vers un socialisme « scientifique » mais un écosocialisme démocratique conscient des ressources et des limites de la condition humaine.
REDONNER DU SENS AU TRAVAIL, Une aspiration révolutionnaire
Redonner du sens au travail, Une aspiration révolutionnaire
Seuil, 2022
Résumé:
Démissions en chaîne, refus des bullshit jobs, méfiance vis-à-vis des grandes entreprises, préférence pour le télétravail, réhabilitation des activités manuelles, réorientations en milieu de carrière : les questionnements sur le sens du travail n’ont jamais été aussi nombreux. La pandémie a provoqué un débat sur les travailleurs « essentiels », qui sont pourtant moins payés et considérés que les « premiers de cordée ». Quant à la crise écologique, elle impose de réorienter nos emplois. À l’heure où le management par les chiffres a envahi le secteur privé comme la fonction publique, il est crucial de s’interroger sur le contenu et la finalité de nos activités professionnelles. Il fut un temps où l’on cherchait avant tout à occuper un emploi. Aujourd’hui, il se pourrait bien que la priorité soit donnée au sens du travail. C’est là que se produit actuellement une révolution, guidée par les nouvelles exigences sociales et les défis écologiques.
« La perte de sens au travail est un facteur de démission et un risque pour la santé mentale »
Entretien à deux voix
LIBÉRER LE TRAVAIL
Libérer le travail, Pourquoi la gauche s’en moque et pourquoi ça doit changer
Seuil, 2018
Résumé:
Plus de la moitié des Français expriment un mal-être au travail. Sous le joug financier, notre travail est en train de détruire notre monde commun. Souffrance au travail et destruction écologique ont la même source : une organisation néo-taylorienne du travail soumise au rendement financier. Cette machine à extraire le profit écrase le travail vivant : celui qui mobilise notre corps, nos sens, notre intelligence, notre sensibilité, notre créativité, notre empathie et fait de nous, dans l’épreuve de la confrontation au monde réel, des êtres humains.
Contre les « réformes » néolibérales du travail, on a raison de se révolter. Mais défendre les acquis le dos au mur est insuffisant. Nous avons besoin d’un souffle nouveau, d’un imaginaire mobilisateur, d’un « avenir désirable ». La « liberté du travail » pourrait en constituer le socle. La gauche politique et syndicale privilégie le pouvoir d’achat au pouvoir d’agir dans le travail. Elle a (mal) traité le travail, sans s’occuper prioritairement de lui donner un sens. Pour déployer les capacités démocratiques d’un peuple, il ne suffit pas de changer ceux qui donnent les ordres au travail : il faut remettre en cause sa subordination.
Les innovations dans ce domaine sont plutôt venues des managers. Tout récemment, « l’entreprise libérée » a inspiré nombre d’initiatives patronales et des consultants en management ont proposé des modèles « d’entreprise autogouvernée » plus audacieux que les rêves autogestionnaires les plus fous. Parier aujourd’hui à gauche sur le travail collaboratif et la construction du commun, c’est faire du travail l’école de la démocratie. La liberté, l’autonomie au travail, doivent être au cœur de toute politique progressiste d’émancipation.
Alternatives Economiques
Entretien Travail : « Entre profit et pouvoir, le capitalisme préfère le pouvoir »
Basta!
La gauche continue d’accepter que la liberté au travail soit sacrifiée à la croissance économique
Jalons Vers Un Monde Possible
(accès libre)
Jalons vers un monde possible: redonner des racines à la démocratie, Le Bord de l’eau, 2010
Résumé: Un autre monde est-il possible ? Il est en tout cas nécessaire, au vu de la crise globale – sociale, écologique et démocratique – dans laquelle s’enfoncent nos sociétés. Mais quel monde ? Et comment y arriver ? Rien ne sert de déplorer un passé mythifié ou de construire des châteaux en Espagne. En partant des expériences et des échecs du passé, il faut s’appuyer sur ce qui bouillonne aujourd’hui dans les mouvements sociaux pour ouvrir un horizon crédible à la transformation sociale. Comment maîtriser la finance et l’économie ? Redéfinir le rapport entre les hommes et la nature ? Redonner un sens au travail ? Démocratiser l’Etat ? Civiliser la mondialisation ? Construire et gouverner les biens communs de l’humanité par une démocratie active ? Thomas Coutrot propose ici des jalons concrets, ancrés dans le réel mais aussi nourris de la créativité utopique sans laquelle l’émancipation humaine serait proprement impensable.
Démocratie contre capitalisme
Démocratie contre capitalisme, La Dispute, 2005
Résumé: La démocratie est profondément malade. Partout, les décideurs politiques gouvernent sous la férule des marchés financiers. La concentration des richesses et des pouvoirs économiques et médiatiques bat des records historiques. Le néolibéralisme sape les fondements de la démocratie.
« On ne pourra sauver la démocratie qu’en organisant son irruption dans l’économie », affirme Démocratie contre capitalisme. Est-ce possible ? De multiples initiatives citoyennes le montrent déjà : boycott et harcèlement des transnationales, consommation responsable, commerce équitable, coopératives, économie solidaire, prouvent chaque jour que l’économie peut aussi être humaine. De façon encore balbutiante, le mouvement altermondialiste conteste ainsi directement la rationalité économique du capitalisme.
Thomas Coutrot, économiste, membre du conseil scientifique d’Attac et du Réseau d’alerte sur les inégalités, revient sur les expériences passées de rupture avec le capitalisme et en tire sans complaisance le bilan. Il appuie sa réflexion prospective sur les plus innovantes des luttes sociales actuelles, en Europe, aux États-Unis, au Brésil… Il renoue avec le projet d’une société pleinement démocratique – le socialisme participatif –, intervenant ainsi de façon novatrice dans les débats sur le devenir du mouvement altermondialiste et sur les alternatives au capitalisme.
Critique de l’organisation du travail , La Découverte, 2002 (accès libre)
Résumé: Sous l’effet de l’hégémonie retrouvée du discours libéral, domine depuis le début des années quatre-vingt une présentation aseptisée de l’organisation du travail dans l’entreprise. Les quelques critiques qui se font entendre depuis peu sont, très significativement, le fait de psychologues, lesquels s’intéressent aux conséquences (souffrance psychique, harcèlement moral) de modes de gestion des ressources humaines dont la rationalité économique est rarement questionnée. Thomas Coutrot, dans ce livre, renoue avec un courant d’analyse qui conteste au contraire cette » rationalité économique » en la replaçant dans son contexte social. Passant en revue les nouvelles théories économiques de l’entreprise et des organisations, il montre qu’elles ne rendent pas compte des déterminants véritables de l’évolution en cours, telle que la vivent les salariés, parce qu’elles occultent la dimension conflictuelle liée aux mécanismes d’exploitation et de domination.
Critique de l’organisation du travail
L’entreprise néolibérale, nouvelle utopie capitaliste ?, La Découverte, 1998
Résumé: Comment fonctionnent donc les entreprises du » nouveau modèle productif » ? » Retour de l’éthique » ou » horreur économique » ? Confiance ou » downsizing » ? Communication et coopération entre individus autonomes, ou flexibilisation forcenée ? Face aux multiples diagnostics contradictoires sur l’entreprise post-fordiste, cet ouvrage apporte un double éclairage. D’abord celui des faits à travers de nombreuses études de cas et surtout des enquêtes statistiques approfondies, auxquelles l’auteur a contribué. Le modèle qui apparaît au long de ces travaux comme aujourd’hui dominant – celui de » l’autonomie contrôlée » – n’avait pas été prévu par les spécialistes. D’où le nécessaire détour par l’éclairage théorique. S’appuyant sur deux auteurs majeurs – Burawoy et Habermas -, Thomas Coutrot propose une vision profondément renouvelée de l’entreprise, qui intègre les principaux acquis de la sociologie industrielle et de la gestion dans une vision historique et dynamique des systèmes productifs. Emerge alors une hypothèse d’une importance décisive : nous sommes en train de basculer dans une nouvelle ère, celle de la firme néo-libérale. Le capital y réussit le tour de force de marier la coercition et la coopération. Coercition via la pression fantastique qu’exercent simultanément le chômage, la précarité et surtout les marchés financiers dérégulés, nouveaux maîtres du jeu. Coopération car il n’y a pas d’autre moyen, pour les salariés soumis à ces pressions, de donner le meilleur d’eux-mêmes, individuellement et collectivement. Pour autant, comme le montre l’auteur, ce régime de croissance est loin d’être le meilleur possible. Et il plaide pour un ordre productif humainement et écologiquement plus acceptable, donc économiquement plus efficace. Par l’originalité des expériences d’entreprise qu’il présente, par la qualité de l’analyse critique qu’il propose, ce livre constitue un outil de référence qui sera particulièrement utile aux praticiens de la gestion comme aux étudiants en sciences économiques et gestion.